Petite histoire des rites funéraires au Québec
Rédactrice : Camille Baillargeon
Les rituels funéraires actuels au Québec sont largement influencés par les rites d’antan, résultant d’une importante évolution au courant des XIXe et XXe siècles. Il s’agit également du produit de diverses influences notoires : l’Église catholique en premier lieu, mais également les influences françaises et britanniques. Nous explorerons ici quelques-uns des piliers des rites funéraires d’antan au Québec.
L’influence de l’Église catholique
Elle est facilement visible dans l’histoire québécoise. Les rites sont très codifiés et jusque dans les années 1960, le curé de la paroisse reste l’autorité suprême et dicte énormément des règles imposées dans la fin de vie et la gestion du deuil. Depuis le dernier sacrement administré à la veille du décès, l’extrême-onction, jusqu’aux rigides cérémonies célébrées en l’église, en passant par le son du glas à la suite du décès, l’Église fixe une ligne directrice dont on ne déroge généralement pas. Par ailleurs, le mois de novembre est auparavant voué au culte des morts par la communauté catholique. Cette coutume est majoritairement disparue de nos jours au Québec, mais certaines églises, communautés ou entreprises funéraires soulignent encore le jour des morts au début du mois de novembre. On voit également l’influence de l’Église par le fait que la crémation prend énormément de temps à s’établir et à devenir commune. Si de nos jours elle représente la majorité des cas, l’inhumation du cercueil restait jusqu’en 1963 largement privilégiée en raison de l’interdiction de crémation par le pontificat.
La veillée funèbre
Il s’agit de l’exposition de la dépouille du défunt à la maison, où
elle sera « veillée » jour et nuit par ses proches, jusqu’à trois
jours. Le corps est placé sur des planches tenues par des chevalets, ou si cette option n’est
pas disponible, tout simplement sur un sofa ou une table, généralement dans le
salon. Amis et famille sont invités à rendre visite, à prier auprès du mort, et
à s’échanger des souvenirs. La toilette funèbre est réalisée par les membres
proches de la famille, parfois assistés d’un professionnel d’une entreprise de
pompes funèbres, ou même d’un membre de l’Église. L’embaumement en bonne et due
forme ne se propage qu’autour des années 1940. La maison est décorée sobrement,
et un voile noir recouvre la porte pour indiquer que la maisonnée est en deuil.
Une ambiance sombre doit régner, on parle à voix basses, et la musique n’est
pas permise. Auprès de la dépouille, on note la présence de fleurs en abondance,
et éventuellement de photos et de cartes à l’effigie du défunt. La tradition
des cartes souvenirs disparaît vers la moitié du XXe siècle, mais fait un
retour en force au XXIe siècle. La famille endeuillée est tenue d’offrir de
quoi se sustenter et se désaltérer (dont des boissons alcoolisées pour les
hommes), au grand désarroi du clergé, qui trouve cette pratique irrespectueuse,
en contradiction avec l’ambiance discrète requise.
Le cortège
Le cercueil était porté à l’épaule par les porteurs, souvent des membres de la famille, à pied jusqu’à l’église. Cela était possible dans les zones urbaines, mais plus complexe dans les régions rurales, où les longues distances pouvaient représenter un problème. Les familles usent d’ingéniosité et se rabattent sur les véhicules agricoles (carrioles, sleigh, etc.), en dépit de la désapprobation de l’Église qui trouve que cela manque de décorum. On note l’apparition des premiers corbillards à cheval en 1805 à St-Augustin-de-Desmaures. Malgré toute la résistance passée du clergé, les premiers corbillards appartiennent aux paroisses et sont offerts en location à ceux qui désirent les utiliser. Les corbillards automobiles apparaissent en 1930.
Les coutumes du deuil
Les conventions régissant le deuil des veuves et des veufs nous
viennent entre autres de l’époque victorienne au Royaume-Uni. Dans un moment
allant jusqu’à un an après le décès, nommé le « grand deuil »,
l’épouse du défunt est tenue de porter exclusivement du noir, et se couvrir le
visage d’un voile sombre, telle la « pleureuse ». Le mari d’une
défunte, quant à lui, est restreint au costume et à la cravate noirs. Six mois
supplémentaires, nommés le « petit deuil », offrent des règles
assouplies, où les couleurs sobres comme le gris, le mauve et le blanc peuvent
se mêler au noir, autant chez l’homme que chez la femme. Idéalement, l’attitude
sobre va de pair avec le costume du deuil. La joie exubérante est vue d’un
mauvais œil pour toute la durée du deuil. Certaines femmes plus âgées
choisissaient même d’adopter les habits noirs du deuil pour le reste de leur
vie.
Le premier salon funéraire
C’est Lépine Cloutier qui ouvre le premier salon funéraire (salon mortuaire à l’époque) en 1941 à Québec, sous le nom de la Maison Germain Lépine. M. Lépine, toujours à l’avant-garde du domaine funéraire, popularise le concept d’un espace où l’embaumement, la toilette funéraire et l’exposition peuvent avoir lieu sous un seul et même toit. Les longues veillées funèbres sont au fil des années raccourcies aux expositions et visites que l’on connaît aujourd’hui. Cependant, dans certaines régions du Québec, cela prend quand même jusqu’aux débuts des années 1970 avant que l’utilisation des salons soit complètement acceptée et devienne la norme.
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