Célébration de la vie et aide médicale à mourir : comment bien réussir sa cérémonie
Rédactrice : Camille Baillargeon
L’aide médicale à mourir est légalisée en 2014 au Québec, deux ans avant ses homologues canadiens. Le pourcentage de défunts ayant choisi l’aide médicale à mourir est passé de 3% en 2018, à un peu plus de 7% en 2023. Le peuple québécois semble avoir adopté cette pratique, faisant ainsi de la Belle Province le leader mondial. Bien que majoritairement bien acceptée, il s’agit tout de même d’une procédure récente et qui reste rare. Ce sujet peut apporter son lot de questionnements et d’inconfort.
Qu’en est-il des rituels et cérémonies entourant cette nouvelle façon de mourir ? La célébration funéraire n’est pas vécue de la même manière lorsque le décès n’est pas prévu : elle prend un sens bien distinct. Nous avons rencontré les célébrants Gisèle Gadbois et Yvon Hudon pour découvrir les facteurs d’influence pour une cérémonie réussie dans ce contexte si particulier.
Le rôle des proches
Selon Mme Gadbois, l’acceptation par les proches de ce choix de fin de vie serait l’un des facteurs d’influence principaux. Sans l’approbation des êtres chers, la peine reste bloquée, autant chez la personne concernée que chez celles qui l’entourent. Il est important de se souvenir que les personnes qui choisissent cette option ne souhaitent pas s’enlever la vie, mais qu’elles veulent plutôt se défaire de la souffrance intolérable avec laquelle elles vivent. Ces personnes souhaitent partir dans la dignité, en contrôle.
La place des émotions
Il faut laisser la place à la peine lors de la cérémonie. Trop souvent, dans les cas d’aide médicale à mourir, les proches sont dans l’action et ne prennent pas le temps de laisser une place au traitement de leurs émotions. La célébration de la vie est un point-charnière et permet de faire une pause dans la course folle des démarches suivant le décès, et d’honorer la tristesse encourue par la perte d’un proche.
Cela dit, lorsque tout est préparé, le choc et le stress émotionnel sont amoindris pour les proches, et même pour la personne qui recevra l’aide médicale à mourir. Une fois cette décision est prise, elle apprivoise la mort, mentionne Mme Gadbois.
L'importance de la date
Le choix d’une date pour l’aide médicale à mourir accélère le processus de deuil. On entre dans la période des « dernières »: dernier repas, dernière fête, dernières visites, dernières conversations, etc. Il est important de faire un rappel à toutes ces dernières occasions et de boucler la boucle en quelque sorte, lors de la cérémonie. Selon Mme Gadbois, dans la sphère relationnelle, cette fin de vie vient se rajouter aux relations existantes, elle ne représente pas une cassure dans le continuum. Il faut donc faire écho à cette relation lors de la célébration de la vie.
Rencontrer son célébrant
M. Hudon remarque une nouvelle tendance qui s’installe peu à peu : rencontrer le célébrant à l’avance pour planifier ses propres funérailles. Cela permettrait de dresser un portrait concret du défunt, en ses mots, à son image. Il ou elle devient donc un participant à sa propre célébration de la vie. Il peut sélectionner la musique, choisir un texte à lire, faire part de ses regrets ou de ses bons coups, se décrire en quelques mots, etc. Même fragilisés par la maladie, ils sont toujours présents dans toute leur résilience et leur courage. M. Hudon utilise ce (ou ces) moments pour rencontrer l’humain où il est, et note que les receveurs de l’aide médicale à mourir ont fait le travail d’introspection, et comme le soulignait Mme Gadbois, se sont familiarisés avec le concept de leur mortalité.
Si vous ou l’un de vos proches pensez avoir recours à l’aide médicale à mourir, n’hésitez pas à communiquer avec nous pour discuter d’arrangements préalables, ou pour organiser une cérémonie. Vous pouvez nous contacter au 1-844-529-3371 pour obtenir une rencontre avec un conseiller.